La Mine d’argent du Fournel est située sur le territoire de L’Argentière-la Bessée dans la haute vallée de la Durance. Les travaux miniers se trouvent à l’ouest de la ville, entre 1050 et 1 700 m d’altitude au fond du vallon du Fournel, dans une gorge très encaissée sur 1 km de longueur.
A la fin de l’ère Tertiaire (-25 millions d’années), le filon se forme par le remplissage d’une fracture, par un liquide minéralisateur sur une étendue d’environ 0,5 x 1 km à plusieurs centaines de mètres sous la surface. Le filon est ensuite déformé puis découpé en de nombreux panneaux décalés les uns des autres par des rejets de failles. Au final, le gisement présente une géométrie semblable à un échiquier, rendant la recherche du filon extrêmement complexe pour les ingénieurs de la mine.
E nsuite, se su ccèdent plusieurs phases glaciaires qui accentuent l’approfo ndissement des vallées. La dernière glaciation (de Würm) atteint son summum il y a 28 000 ans, le niveau des glaces culmine à 2000 m d’altitude à L’Argentière où confluent le glacier de la Durance et celui du massif des Ecrins, puis celui du Fournel. Cette grande masse glaciaire s’écoule alors jusqu’à Sisteron. Le vallon du Fournel achève d’être façonné durant cette dernière phase. Le glacier creuse une vallée en forme d’auge et ver s 1200m d’altitude il recoupe les panneaux de filon principal de la mine. Grâce à l’érosion des glaciers, le minerai affleure en une dizaine d’endroits à l’entrée du vallon du Fournel et dans la gorge. Il devait être facile à repérer grâce à sa couleur gris foncé en contraste avec la roche encaissante plus claire…
Dans la mine le filon varie en épaisseur de quelques centimètres jusqu’à près de 8 m selon les archives. Le remplissage comprend des minéraux utiles (le minerai), et des minéraux non exploités la gangue, composés en grande partie de quartz et de barytine. Le minerai principal est la galène, un sulfure de plomb argentifère qui contient 0,2 à 0,3% d’argent. Le minerai est toujours mélangé à de la gangue avec parfois des parties riches, appelées bande massive, où la galène représente 15 à 25% de la masse. Cette bande massive avait souvent une épaisseur de 20 à 30 cm mais localement elle pouvait atteindre 1,50 m. Naturellement, les parties les plus épaisses ont été extraites : il n’en reste que des témoins moins riches et la mémoire à travers les archives !
La visite de la mine est l’occasion idéale de voir, et parfois de toucher, de nombreux phénomènes géologiques. Au cours de la visite avec les explications d’un guide passionné, vous en saurez plus sur :
- L’érosion : l’action de l’érosion glaciaire (paysage, dépôt morainique) puis l’érosion par l’alternance gel-dégel, et les crues du torrent (visibles depuis le chemin de la mine).
- Le filon : visibles à plusieurs endroits, d’épaisseur variable, les mineurs n’ont pas tout exploité…
- Le minerai : voir, toucher et même soupeser des échantillons de minerai pour mieux identifier le filon de plomb argentifère dans la mine ; reconnaître le minerai riche et le minerai pauvre…
- Les failles : facile à voir dans les chantiers de la mine, ainsi que les « miroirs » de faille avec leurs stries de glissement.
- Néoformations de minéraux : les concrétions de calcite dans les vieux travaux miniers, les carbonates et les sulfates de cuivre vertes (malachite) ou bleues (azurite), et les oxydes de fer…
- Les « ripple marks » ou rides de plage « fossilisées », à la surface de certains bancs de quartzites
Pour aller plus loin:
Les journées "Trésors du Fournel" - une randonnée accompagné par un géologue pour apprendre tout sur la naissance des paysages autour de la mine, suivi d'une visite guidée de la mine où vous verrez et toucherez différentes formations géologiques. Cette journée est proposée en collaboration avec notre partenaire, le Centre Briançonnais de Géologie Alpine.